Parmi les catholiques, de quelque tendance qu'ils soient, plus que je ne le pensais ont des interrogations envers la béatification de Jean-Paul II. Je ne suis en général pas d'accord avec les réserves qu'ils expriment, hors celle de la procédure accélérée que j'ai déjà eu l'occasion de commenter.
Parmi donc toutes les tendances de l'Église – comme les courants dans les partis politiques – il en est deux qui émanent de groupes diamétralement opposés mais qui se rejoignent dans la critique de cette béatification : Golias et la fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX). Ainsi l'aile gauche et l'aile droite se rejoignent-elles dans la contestation. Mais leurs arguments diffèrent. C'est cela, en l'occurrence, qui est intéressant. Et cela permet de s'entraîner à un exercice de logique.
Golias conteste la béatification et la présente comme un exercice de fabrication du Vatican, exercice ne tenant pas compte des vertus du futur béatifié, et ne servant en réalité que des objectifs de communication. Le miracle – nécessaire pour passer du statut de vénérable à bienheureux1 – est même contesté. "Un miracle discutable", disent-ils.
La FSSPX, elle, attaque le pontificat de Jean-Paul II et pose la question : "Est-ce là un pontificat qui mérite une béatification ?" La réunion d'Assise en 1986 a été, semble-t-il, la goutte d'eau amenant aux ordinations effectuées par Mgr Lefevre en 1988, à moins qu'elle n'ait servi d'alibi. Je note aussi que la FSSPX prend un soin particulier à diffuser très rapidement des communiqués pour critiquer le Vatican (cf. ce billet).
Mais l'esprit rationnel que je suis essaye de comprendre la logique de contestation, intimement liée à celle de la béatification :
- comme l'explique S. Lemessin, on commence par "étudie(r) la vie de la personne pour voir si elle a vécu les vertus théologales et cardinales (la foi, l’espérance et la charité, ainsi que la force, la prudence, la tempérance et la justice)" : c'est un point contesté et par Golias, et par la FSSPX ;
- ensuite, on cherche s'il y a un miracle, qui sera authentifié par la commission médicale du dicastère de la cause des Saints : seul Golias conteste ce point.
J'en conclus donc que la FSSPX ne conteste pas le miracle. Donc, elle y croit (je n'ose penser qu'elle ne dise pas clairement ce à quoi elle ne croit pas). Or donc, si miracle il y eut, c'est donc que Dieu a considéré que l'intercession de Jean-Paul II pour obtenir guérison était recevable2. Or comment Dieu pourrait-il accepter l'intercession d'un homme dont l'oeuvre principale, à savoir son pontificat, est entachée de si grandes fautes, qui a célébré de "grandes messes pontificales qui dans une certaine mesure ont provoqué un écroulement liturgique jamais connu et qui a propagé dans toutes les Églises locales des abus qui crient vers le Ciel !", qui n'a pas défendu "la Foi dans toutes les circonstances contre l’erreur" ?
Car finalement, l'analyse des vertus n'est qu'un préalable, elle n'est qu'une condition nécessaire mais elle n'est pas suffisante. Ici, pour les croyants que nous sommes, c'est bien le miracle qui est décisif. Non seulement s'il n'y a pas de miracle, il n'y a pas de béatification, mais de surcroit, il donne implicitement du crédit aux vertus du bienheureux.
Conclusion
Dans leurs contestations respectives, qui chacune est d'ailleurs en ligne avec leurs discours récurrents à l'égard du Vatican et de Jean-Paul II, je note que Golias est logique avec lui-même. La FSSPX devrait donc, afin d'éliminer un hiatus incompréhensible entre ce que Dieu permet et ce qu'elle nous explique, dire clairement que le miracle est non seulement discutable mais aussi faux.
Mise à jour du 31/03/2011
En prolongement de la conclusion du billet, la FSSPX a clarifié sa position, en la personne de Mgr Fellay, lors d'une interview.
A la question "Comment de vrais miracles pourraient-ils être permis par Dieu pour authentifier une fausse doctrine, à l’occasion des multiples béatifications et canonisation faites ces dernières décennies ?", il répond : "C'est tout le problème : est-ce que ce sont des vrais miracles ? Est-ce que ce sont des prodiges ? Selon moi, il y a des doutes. Je suis très étonné de la légèreté avec laquelle on traite ces choses-là, pour autant que je puisse le savoir."
Voilà. J'admire la rhétorique utilisée par le responsable de la FSSPX.
Bonjour,
merci pour ce panorama des arguments contre la béatification de Jean Paul II. Je me permets de porter à votre connaissance les arguments doctrinaux contre cette béatification, portés par un groupe catholique qui tractait à Paris, sur le Parvis des Gentils. (lien supprimé par le responsable du site)
les arguments qu'ils avancent sont très graves… je ne sais trop qu'en penser…
bien à vous en union de prières
Bonjour Madeleine,
peut-on encore affirmer que ces gens-là sont catholiques ? Leur désunion avec Rome depuis le concile Vatican II est notoire et tout est bon pour critiquer – que dis-je, pour tirer à boulet rouge – sur Jean-Paul II et Benoit XVI. Ils sont contre Vatican II, fustige le modernisme prétendu de l’Eglise, et ont pour modèle Maurras et l’Action Française. Très peu pour moi.
C’est pourquoi, j’ai supprimé le lien que vous avez mis. Pour ceux que cela intéresse, tapez « Abbé de Nantes » sur Google, cela vous donnera une idée.
Mais franchement, ces groupuscules qui prétendent sauver l’Eglise malgré elle – et, bien sûr, eux sont sans reproche – ne doivent pas vous perturber plus que cela.
Quant à la béatification de Jean-Paul II, je fais confiance à ceux qui ont pris la décision. Et jusqu’à nouvel ordre, le « miracle » qui a guéri la soeur après sa prière à Jean-Paul II a été authentifié par des médecins non liés à l’Eglise Catholique. Je m’en tiens à ce signe de Dieu.
Merci pour votre message. Prions pour que Jean-Paul II assiste l’Eglise partout dans le monde.
Pour moi le pape Benoit c’est un formidabile “berger et timonier
Il n’as pas cédé aux pression. Il a distingué, de la meme maniére qu’il a fait avec Pie XII (voir declaration de venerabilité):
d’un coté les vertues heroiques necessaires pour la beatification; de l’autre le jugement historique qui concerne l’acion du pape.
Pour la premiere question c’est l’eglise qui doit juger;
pour la deuxieme son le historiques.
Jean Paul II a donné une temoinagne de supreme fidelité a sa mission, malgré la maladie. Il a montré une foi inebranlable: de sa jeunesse, pandant le regime comuniste, jusque Saint Siege il a eu une force spirituelle. Il a temoigné la misericorde e il sera beatifiè la dimanche de la Divina Misericorde. : voilà le signes des saints. Jean Paul II nous les a donné